KairosJournée conférence sur les jeunes et la santé mentale

La vie émotive des ados aux prises avec un trouble de personnalité limite émergent est intense. C’est comme un grand tour de montagnes russes émotionnelles!

Même s’ils laissent perplexe, perturbent ou épuisent parfois les adultes qui les entourent, ces jeunes ont besoin de notre compréhension et de notre soutien. Car derrière leurs comportements difficiles et parfois même dangereux, se cache de la souffrance. Plus vite on la comprend, plus vite on peut adoucir et adresser la détresse de ces jeunes.

L’Australie a d’ailleurs ouvert la voie en reconnaissant l’importance d’une intervention précoce pour les enfants aux prises avec un TPL émergent dès l’âge de 9 ans. Cette approche proactive offre aux jeunes les outils nécessaires pour surmonter leurs défis et construire des vies épanouissantes.

Mais qu’est-ce qu’un TPL émergent, exactement? Comment se manifeste-t-il chez les ados? À quoi est-ce dû? Comment les accompagner adéquatement? Comment trouver la bonne distance avec eux pour les soutenir avec compassion dans les moments de crise, sans s’essouffler soi-même?

Dre Céline Lamy est une pédopsychiatre passionnée. C’est avec grand plaisir qu’elle a accepté de nous guider à travers ces questions et de partager ses stratégies d’intervention auprès d’eux. Ses explications nous permettront par la même occasion d’élargir notre compréhension de ces jeunes.

Exploration de la réalité des adolescents confrontés à un TPL et stratégies d’intervention aidantes avec une pédopsychiatre dévouée, pour qui ces jeunes ne sont pas définis que par leurs défis, bien au contraire! Prêts à plonger dans cet océan d’émotions avec compassion et une perspective positive?

La santé mentale est façonnée par des codes culturels aussi variés qu’uniques! Les symptômes dépressifs, par exemples, sont décrits de différentes façons selon les pays: certains diront qu’il s’agit d’un «coup de vent», d’autres y verront un mauvais sort ou d’autres encore parleront d’un déséquilibre au niveau chimique au cerveau. Qui dit vrai?

Intervenir en santé mentale auprès des jeunes de diverses origines ethnoculturelles n’est pas toujours évident. C’est comme essayer de déchiffrer un manuel d’instruction en plusieurs langues !

Pourtant, c’est une démarche cruciale. Elle peut faire la différence entre un jeune qui accepte la main qu’on lui tend et un autre qui hésite.

Comment pouvons-nous accompagner les jeunes des communautés ethnoculturelles en tenant compte de leurs réalités et des croyances et coutumes des familles dans lesquelles ils grandissent? Comment obtenir la collaboration des familles quand nos façons de voir la santé mentale diffèrent? Quels faux pas éviter?

C’est ici qu’intervient la psychologue Régine Tardieu-Bertheau, véritable navigatrice des cultures spécialisée dans la psychologie transculturelle.

Cette psychologue passionnée partage des stratégies essentielles pour soutenir adéquatement les jeunes issus de la diversité culturelle et créer des ponts entre les différentes croyances liées à la santé mentale. Son objectif: accueillir ces jeunes en tenant compte de leurs spécificités culturelles pour les aider à se confier lorsque tout ne va pas bien.

Les jeunes confrontés à des difficultés affectives comme des traumas complexes, des enjeux ou troubles de l’attachement, des fragilités de la personnalité ou des troubles du comportement adoptent souvent des attitudes autodestructrices. Ils manifestent différents besoins et émotions à travers des comportements agressifs, de l’auto sabotage, de l’auto dévalorisation, des relations toxiques, parfois même de l’automutilation. Et ces comportements tendent à se répéter malgré les interventions et suivis qui se succèdent!

Est-il possible d’amener ces jeunes à non seulement comprendre le sens de leurs comportements nuisibles, mais à avoir envie de les transformer en gestes ou attitudes plus positives et efficaces pour eux-mêmes ?

Amélie Saucier en est convaincue.

Ayant œuvré 12 ans en pédopsychiatrie au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec auprès de jeunes aux comportements difficiles, cette psychologue engagée a développé un outil unique dont c’est justement le but. Cet outil d’intervention permet aussi de voir au-delà des comportements qui sont sollicitant et parfois déstabilisants pour les intervenants, afin de garder notre empathie intacte et rendre chaque intervention authentique et pleine de compassion.

Présentation d’un outil d’intervention innovant, conçu pour aider les ados à mieux comprendre l’origine de leurs comportements dommageables et à adopter de nouvelles stratégies pour se réguler de manière plus saine.

Imaginez une équipe de soccer avec un entraîneur capable de tirer le meilleur de ses joueurs, sur le terrain comme en dehors. Il leur enseigne la discipline, la confiance en soi et une solide éthique personnelle.

Maintenant, transposez ce même scénario à un groupe de jeunes gamers âgés entre 12 et 17 ans. C’est ce que Mathieu Arcand a réussi à faire avec son équipe de coachs gamers.

Pendant les sessions d’entraînement, les coachs de Gamer Mentor transmettent bien plus que des compétences de jeu. Ils inculquent aux jeunes des valeurs et des habitudes de vie qui, peu à peu, les transforment. On voit apparaitre une discipline personnelle renforcée, des habiletés de leaderships et de collaboration, une utilisation équilibrée du temps en ligne, la découverte de soi, une plus grande maturité, mais aussi une meilleure gestion de leurs émotions, de leur sommeil et de leur nutrition. Autrement dit, ces ados deviennent non seulement de meilleurs joueurs, mais des jeunes plus épanouis et plus confiants.

Comment les coachs de Gamer Mentor parviennent-ils à transmettre à ces jeunes une telle éthique personnelle?

C’est ce qu’explique Mathieu Arcand, l’instigateur du projet. C’est avec plaisir qu’il partage avec vous de quelle façon lui et son équipe arrivent à faire émerger chez ces jeunes une meilleure version d’eux-mêmes.

Pour terminer cette journée, nous laissons la parole à François Richer, neuropsychologue et professeur à l’UQAM, sur un sujet dont nous sommes plutôt… fiers!

«La fierté est utile!», dit-il. «Elle est aussi fondamentale que la faim, la peur et la libido, qui ont assuré notre survie. Elle est euphorisante, elle inhibe l’anxiété, nous fait anticiper des succès et nous donne de l’assurance. On se sent plus volontaire et on formule des plans plus ambitieux où l’envie de conquête domine sur la peur de l’échec», affirme le neuropsychologue.

À moins d’être excessive, la fierté n’est donc pas un défaut. Elle est au contraire un besoin essentiel, surtout pour les ados, qui affrontent plus souvent qu’à leur tour l’intimidation par les pairs, la pression des réseaux sociaux, une estime de soi et une image corporelle fragiles, pour ne nommer que ceux-là. «Ces pertes de fierté sont des stresseurs importants qui peuvent entre autres favoriser l’anxiété, la dépression et la violence. Et quand notre fierté tombe en panne, tout notre fonctionnement en souffre. C’est l’extrême opposé de ‘Yes we can’!», précise François Richer. Et ce n’est pas ce que nous souhaitons, bien au contraire.

Découvrons ensemble les supers pouvoirs de la fierté sur le cerveau et la santé mentale des jeunes et des façons de la cultiver, avec François Richer, neuropsychologue et vulgarisateur hors pair.